Parmi les acteurs majeurs de la Zone Nord-Est, les conseillers techniques de ligue, en abrégé C.T.L. prennent une part importante dans le fonctionne technique de la zone. Au nombre de trois en ZNE, Christophe Renard pour la Normandie & les Hauts-de-France, Yann Vonachen pour la Bourgogne Franche-Comté & le Grand-Est et enfin Grégory Spencer pour l’Ile-de-France. C’est en compagnie de ce dernier que nous allons tenter de vous ouvrir au monde des CTL.
C’est quoi un CTL ?
02 Oct 2024 18:44 / A LA UNE, ACTUALITÉS
Comment définiriez-vous le poste de CTL ?
Le poste de CTL est un poste de qu’on qualifierait de « tête de réseau » dans le milieu administratif. Il s’agit d’être l’interlocuteur privilégié des clubs auprès de la Ligue. Nous devons également maîtriser les règlements FFHG et les textes qui régissent les associations Loi 1901 afin de proposer notre aide aux dirigeants qui en ont besoin. Il est important aussi d’être en mesure de prendre un maximum de recul par rapport aux avis que nous pouvons donner, y compris lorsque nous sommes sollicités par les Zones. Pour moi, il est indispensable de placer le développement des licencié(e)s au coeur de nos réflexions. Les logiques locales ont moins d’importance que l’intérêt général. Nous sommes certes, employés par les Ligues, mais au service du projet fédéral dans son ensemble.
Quelles sont vos missions au sein de la ligue Ile-de-France ?
- Accompagner les clubs : le turnover des dirigeants nécessite de les aider à prendre leur place rapidement pour qu’ils soient en mesure de respecter les délais imposés par nos règlements. Je m’occupe plutôt du volet sportif. Le Président de la Ligue IDF intervient quant à lui auprès d’eux pour les aiguiller dans la recherche de financement.
- Coordonner une équipe technique régionale (ETR) : même si la crise COVID nous a contraint à prendre de nouvelles habitudes, je reste en lien avec les entraineurs franciliens. Il nous arrive d’échanger des informations sur un groupe whatsapp et nous nous appelons régulièrement pour parler de nombreux sujets. L’ETR est devenue plus stable et facile à coordonner avec le temps et l’embauche à la Ligue de Laura et Joanna (Laura est retournée en club depuis Aout 2024), qui ont fait et font un énorme travail de structuration des actions qui leur sont confiées.
- Organiser avec les clubs les plateaux FairPlayZir et les tournois U9.
- Convaincre mes élus : l’échange avec les élus est quasi quotidien. Rien ne peut se passer sans qu’ils aient validé les projets d’actions. Sans eux, rien ne se passe. C’est la partie souvent invisible de l’iceberg car ils sont moins visibles que le CTL mais abattent un gros travail. C’est exactement la même chose que ce qui se passe en club.
- Participer aux réunions de Zone : nos remontées d’informations sont indispensables pour que le Conseil de Zone puisse prendre des décisions éclairées. Les échanges qui nous pouvons avoir avec les autres CTL et CTN de la Zone sont également très riches et permettent de mieux comprendre les enjeux des 5 Ligues partenaires.
- Participer aux réunions de Zone : nos remontées d’informations sont indispensables pour que le Conseil de Zone puisse prendre des décisions éclairées. Les échanges qui nous pouvons avoir avec les autres CTL et CTN de la Zone sont également très riches et permettent de mieux comprendre les enjeux des 5 Ligues partenaires.
- Échanger avec la DTN (ndlr: direction technique nationale) et l’INF (ndlr : institut national de formation) : Cette relation est primordiale. Il m’est nécessaire d’aller à la pêche aux informations pour faire coller au mieux le projet sportif de Ligue avec les orientations fédérales. Ces échanges sont aussi l’occasion pour tous les CTL d’être force de proposition.
- Suivre les politiques publiques en terme de développement du sport : étant un organe déconcentré d’une fédération délégataire, la Ligue IDF, comme toutes les autres se doit d’appliquer les axes fixées par l’État en terme de développement du sport. Ces axes, s’ils ont une portée très généraliste, doivent être « traduits » via la DTN et mis en oeuvre par nous tous. Mais ce n’est pas tout, puisque les Régions disposent également d’un champ de compétence qui leur permet à elles aussi de décliner des projets visant orienter nos les actions des ligues partenaires vers tel ou tel projet. Si je devais résumer tout cela en quelques mots, je dirai que je dois tisser une toile la plus large possible pour proposer aux élus un plan d’action qui se doit d’être respectueux des orientations fédérales et régionales, sans que cela n’apporte de trop grandes contraintes aux clubs de mon secteur.
C’est quoi le quotidien d’un CTL ?
C’est beaucoup de temps passé au téléphone ! Nous sommes au service des clubs, donc nous devons répondre à leurs sollicitations. Celles des élus bénévoles sont souvent sur des créneaux horaires atypiques. Les parents de joueurs et joueuses nous sollicitent également quand arrive pour eux le temps d’une reflexion startégique sur l’avenir de leur enfant dans les études et le hockey. Sur ce point, il me parait essentiel d’indiquer au parents que chaque projet de vie est différent et qu’ils doivent s’interroger sur la pertinence d’un départ loin du cocon familial. Une autre grosse partie du temps est passée derrière les écrans à traiter les mails, à monter les actions, à nouer de nouveaux liens, solliciter des partenaires etc…. Ce temps passé derrère les écrans me permet aussi de regarder les matchs ayant eu lieu le week-ends qui précèdent. Le club de Cergy m’avait permis de profiter de leur accès playsight pour que je vois un maximum de rencontres, m’aidant ainsi à réaliser mes observations pour publier les convocations aux actions. Ces observations sont complétées par des suivis sur le terrain et les échanges que j’ai avec les entraineurs de club qui m’apportent ce que je ne peux pas évaluer : le comportement et l’implication d’un joueur dans son quotidien au sein du club, et ce point est essentiel parce qu’être un bon joueur de hockey ne suffit pas! Puis je dois le dire, le quotidien, c’est également refaire ce qui était pourtant prêt ! Les difficultés techniques rencontrées dans les patinoires, les modifications de calendriers etc…. Tout cela nous oblige, les référents des différentes actions moi et , à être très réactifs, souvent à faire des concessions, mais à travailler pour que les actions puissent se faire. ADAPTATION !!!
À quelle(s) difficulté(s) êtes vous confronté ?
La principale difficulté, et de loin, c’est la saturation de nos patinoires. Celles-ci sont en effet utilisées par nos clubs, puis ceux affiliés à la FFSG, et aussi à des fins de rentabilité, par les séances publiques. Ce n’est pas une information nouvelle, mais depuis plusieurs années, le nombre de patinoires en IDF a diminué ce qui complique les choses. Quand les créneaux se libèrent, ils nous sont souvent proposés à des prix élevés, et nous nous refusons de faire porter ce coût supplémentaire aux familles. Pour faire tourner nos actions de développement, nous avons également besoin de l’encadrement des clubs. Là aussi, les contraintes sont fortes puisque nous ne souhaitons pas déranger la vie de club dans laquelle les entraineurs sont déjà impliqués quasiment 7 jours sur 7. Ceux qui viennent ont la gentillesse de venir sur leur temps de repos pour nous aider à fonctionner, mais aussi parce qu’ils croient en notre projet régional. Sans eux, rien ne peut se faire.
Quel regard vous portez sur la situation du hockey en Ile-de-France ? Dans la Zone Nord-Est ?
Concernant l’IDF, malgré la grosse problématique évoquée plus haut, le nombre de licenciés est resté constant. J’y vois là, le fruit du travail important des clubs à ouvrir leur portes aux licenciés orphelins de patinoires, puis le résultat d’une politique d’aide au recrutement mise en place par la Ligue pendant et après la crise COVID via des campagnes d’affichage ou de distribution de sacs à pain par exemple. Aujourd’hui, certaines actions sont ancrées dans la planification régionale, et permettent de jalonner les objectifs de nos jeunes licenciés.
La Zone Nord-Est, quant a elle, bénéficie du travail de 3 CTL qui s’entendent vraiment très bien. Joanna Andrianjafy complète ce trio lorsqu’il s’agit des actions féminines. Du coup, puisque nous avons la même vision des choses, c’est très facile de mutualiser nos actions. Les élus de nos ligues respectives travaillent aussi régulièrement de concert pour coordonner le financement de nos actions communes. Il est même dommage que notre Zone se situe à la croisée de 3 calendriers scolaires différents, mais ça, on ne le contrôle pas, tout comme les distances qui nous séparent…
Le niveau de nos jeunes progresse et vient désormais concurrencer celui d’autres Zones qui nous semblaient jusqu’à présent bien éloignées de nous. Je trouverai interessant qu’on puisse se coordonner au niveau national pour réaliser un championnat des ligues et/ou des zones pour permettre à nos licenciés a fort potentiel de jouer des matchs plus difficiles. Le travail de la Zone est également de mettre en oeuvre les championnats sur son ressort territorial. Sur ce point, même si la réforme des championnats a apporté son lots de modifications, les échanges n’ont jamais été aussi riches entre cette entité et les clubs. Le temps gagné sur la construction des calendriers est réinvesti dans du temps de débat et de construction des formules pour que celles-ci correspondent aux interêt des clubs, mais aussi et surtout à ceux des jeunes sportifs.
Quels sont les axes mis en place ou à mettre en place pour « améliorer le produit » ?
Soyons fous et rêveurs : une patinoire disponible en IDF, avec un lieu d’hébergement à proximité et un équipement sportif permettant de mettre en place nos hors-glace. Le voilà notre principal manque aujourd’hui. En 2020, nous avions réfléchi avec certains élus de la Ligue à un programme de 150 heures d’actions de développement par an. Certaines d’entres elles, qui couvraient les catégories U9 à U15, incluaient de parties spécifiques aux gardiens de but et d’autres dédiées aux féminines. C’est toujours dans les tiroirs mais sans revenir dessus, l’opérationnalisation de ce projet est extrêmement difficile. L’autre axe qui nous reste à développer, c’est le financement de nos actions.
En effet, même si nous faisons notre maximum pour limiter l’impact de celles-ci sur le portefeuille des familles, il nous reste encore à explorer la recherche de financement privé. Très clairement, nous sommes en retard là-dessus. Enfin, et c’est un point que nous avons expérimenté dernièrement, il nous reste à améliorer notre communication envers les parents de jeunes licenciés. Qui fait quoi? Quels sont les objectifs fixés? Quels sont nos moyens? Qu’attendons-nous d’eux ? Etc….
Il y a une demande forte des parents qui, par le biais de l’inscription de leur enfant dans un milieu qu’il ne connaissent pas, se retrouvent bien souvent éloignés des informations que nous leur transmettons, et cela à tous les échelons. Nous avons des premiers retours positifs sur ce nouvel axe. On aimerait que les choses aillent plus vite, mais chaque partie du projet que nous validons nous permet d’avancer vers la réalisation de celui-ci. Et puisque j’aime la lecture, je me permets de clôturer cet entretien par deux citations qui se complètent et qui, je pense guident la philosophie avec laquelle j’agis au sein de la Ligue IDF: « le chemin est long du projet à la chose » (Molière) et « une petite impatience ruine un grand projet » (Conficius)