De l’origine des surnoms (Episode II)

09 Oct 2024 17:45   /   A LA UNE, ACTUALITÉS

Des Coqs à la défense, des Lions dans la cité impériale, encore plus de Lions mais qui sont finalement des Aigles posés sur les remparts de la Citadelle. Toute une ménagerie pour cet épisode II de l’origine des surnoms des équipes de la ZNE. Vous avez apprécié le premier chapitre, on espère que vous aimerez également cette aventure qui nous conduit aujourd’hui à Courbevoie, Compiègne & Besançon.

Déjà dans le premier épisode (lire ici), le lion avait été évoqué. Cette fois, il n’est plus à Belfort mais dans la ville de Compiègne, la cité impériale. Là encore, tout comme la statue belfortaine, c’est du côté de la symbolique du lion qu’il faut chercher : la bravoure du combattant. Contrairement à son homologue de Belfort qui fait référence à la guerre face à la Prusse au XIXème siècle, il faut remonter bien plus loin, bien bien plus loin pour comprendre pourquoi le lion prend une place de choix sur le blason de la ville de Compiègne. Il est toujours question de guerre toujours avec nos « amis » d’outre-Rhin, Othon IV de Brunswick, empereur Saint-Empire mais cette fois accompagné de la Perfide Albion avec Jean sans terre, roi d’Angleterre.

Simple « roi des Francs », gouvernant un royaume coincé entre le sud d’Orléans et le nord de Compiègne, le reste du territoire bien que sous sa souveraineté restant sous l’autorité de grands féodaux, Philippe Auguste, en 1214, fait appel à ses plus fidèles soutiens pour lever une armée et bouter hors du territoire ces rustres opposants. Comme la légende le veut, c’est dans ce petit village situé à la frontière entre la France et la Belgique, entre Lille et Tournai que se déroulera la plus fière bataille, 15 000 soldats à Bouvines pour une victoire du royaume de France marquant le début du sentiment d’unité nationale française. Pour la petite histoire bien ancrée dans la grande parmi les hommes dévoués à Philippe Auguste, figuraient deux cent soldats, les célèbres archers de Compiègne à la bravoure reconnue. Selon la légende, c’est le roi lui-même, qui pour récompenser la bravoure compiégnoise à Bouvines, donna ses armes à la ville de Compiègne, au centre de l’écu figurant un lion couronné. Symbole des armoiries de la ville, le lion sera repris aux débuts des années 90 pour personnifier le Hockey Club de Compiègne.

Plus pacifique, moins historique mais non moins intéressante, l’histoire du Coq de Courbevoie tient d’une malice linguistique. D’abord dénommée Centre Olympique de Courbevoie dès 1972 c’est le 24 novembre 1998 que l’association Club Olympique de Courbevoie est déclarée en préfecture. La mode de l’acronyme étant déjà en vogue, tout comme sa devancière, rapidement, le Club Olympique de Courbevoie devient COC. La malice vous l’avez déjà comprise, par homophonie et antonomase, le COC devient le Coq de Courbevoie par ce jeu de mots.

Là où l’histoire aurait pu s’arrêter nous allons la poursuivre toujours bien sur en compagnie des galliformes. Un coq pour symbole plutôt rare dans le sport si bien sur on fait exception du symbole de nombre d’équipes de sport tricolore, le fameux coq français. Et là encore tout comme pour nos amis courbevoisiens, l’origine du coq tricolore vient d’une homophonie, cette fois latine. Si vous avez quelques souvenirs de vos cours de latin, « Gallus » signifie à la fois Gaule et coq.

L’humour n’ayant pas d’âge, sous l’Antiquité, les premières pièces de monnaie gauloise étaient marquées du Coq, d’où le surnom « jeu de mot » des coqs français, symbole de l’hexagone abandonné au profit de l’aigle sous Napoléon jugeant le coq pas assez « viril » avant de retrouver de sa superbe sous la IIIème République, les ailes déployées, la crête fière et l’ergot belliqueux au sommet de la grille du parc du Palais de l’Elysée.

L’épisode débuté sur une histoire de Lions, il s’en est fallu de peu pour qu’il se termine également en compagnie du roi de la jungle, Napoléon 1er nous avait pourtant bien facilité la tâche dans cette affaire. Fréquemment pour trouver l’origine de l’emblème d’un club de hockey sur glace, c’est vers le blason de la ville en question qu’il faut se tourner. C’est le cas pour le Besançon Doubs Hockey Club qui arbore sur ses armes l’Aigle Bisontin. Bicéphale à l’origine comme celui de la famille de Habsbourg, et pour cause, c’est Charles De Habsbourg, empereur du Saint-Empire Romain Germanique, plus connu sous le nom de Charles Quint qui offrit à Besançon son Aigle bicéphale en 1537. Pour autant, après avoir été cédée à la couronne espagnole part le Saint-Empire en échange d’une autre ville en 1654, après quelques tumultes guerriers et deux sièges de la ville, « Besac » devient française sous Louis XIV en 1674. L’histoire de notre Aigle Bisontin aurait pu s’arrêter là mais c’était compter sur le caractère parfois ombrageux de Napoleon Ier qui fit remplacer en 1804, l’aigle par le lion, on ne badine pas avec les symboles impériaux, l’aigle étant exclusivement réservé à notre charismatique « Empereur des Français »

Finalement, tout est bien qui fini bien pour l’Aigle, jamais la patinoire Lafayette ne verra les Lions de Besançon, elle y verra les Séquanes du nom de peuple gaulois qui occupa la Franche-Comté, les Remparts en référence à la Citadelle de Besançon imaginée et construite par Vauban et enfin les Aigles, le symbole ayant été rendu à la ville de Besançon par ordonnance royale en 1815 à la Restauration sous Louis XVIII.