En s’acquittant à l’Est d’une saison à vingt victoires, quarante points, 213 buts marqués pour une différence de buts de +182, l’Étoile Noire de Strasbourg n’aura pas lésiné sur les moyens offensifs pour asseoir sa domination outrecuidante au classement. Si, derrière, Reims fera de la résistance avec six défaites au compteur (de fait cinq face à Strasbourg et deux plus dérangeantes, toutes deux à domicile, face à Mulhouse [6-8] et, pour leur dernier match, face à Dijon [4-5]), indéniablement les Alsaciens feront la pluie et le beau temps sur l’ensemble du secteur Est, ne laissant aucune miette à leurs adversaires. En retrait, Reims, comme évoqué, ne pouvait que se satisfaire de la deuxième place décrochée au prix d’une lutte à trois avec Mulhouse / Colmar et Dijon. C’est ce championnat parallèle qui animera l’intérêt de cette poule Est, Strasbourg, totalement hors gabarit, traversant la saison régulière avec perte et fracas. Mais là encore, le suspense sera mesuré tant Reims faisait preuve d’abnégation pour éviter le moindre faux pas. Solides à Mulhouse (victoire 7-2), efficaces à Dijon (6-3), rapidement les Champenois prendront leurs distances au classement dans le lointain sillage strasbourgeois. Une avance d’autant plus profitable que ses deux rivaux ne parvenaient pas à s’entendre pour faire front commun face à la Champagne. Deux victoires de chaque côté et huit points de retard au classement final sur Reims, qualifié en play-offs au même titre que Strasbourg, au terme d’une saison régulière morose, sans grande émotion.
Lors de la séance fatidique des play-offs nationaux, le premier tour en quart de finale ne livrera que peu de surprises. À l’Ouest, à domicile, Amiens dominait son sujet en s’imposant successivement sur Neuilly-sur-Marne (12-1), Anglet (11-2) et Angers (6-1), alors que les Bisons de Neuilly-sur-Marne, bien trop tendres, faisaient un mets parfait à déguster pour leurs adversaires, Angers (9-1) et Anglet (8-2), tous deux issus des huitièmes de finale Ouest (victoires respectives face à Bordeaux [5-3] et Nantes [13-5]). Amiens, Angers, Anglet : un triple A parfait pour se qualifier en demi-finale aux dépens des Parisiens nocéens. Pour l’anecdote, les Ducs ligériens prenaient la place de dauphin d’Amiens grâce à leur succès 4-0 sur le Pays basque. De l’autre côté, champions de France en titre, il ne fallait pas s’attendre à une once de compassion du Hockey Club 74 en Alsace. Besogneux lors de leur première rencontre remportée face à Briançon (6-4), le drapeau de la Haute-Savoie flottait avec fierté sur la patinoire strasbourgeoise alors que ses représentants prenaient leurs aises les deux jours suivants, avec deux victoires 7-3 face à Reims et 3-2 sur Strasbourg. Une nouvelle fois, tandis que Briançon s’en sortait avec les honneurs en dominant les équipes de l’Est, la dernière place qualificative en demi-finale serait offerte à l’une des deux équipes orientales, l’autre voyant sa saison se clore dans la douleur. Pourtant largement dominateurs en saison régulière, les joueurs de l’Étoile Noire devront s’employer pour décrocher le ticket d’or en allant jusqu’à la prolongation (6-5) face à Reims pour s’extirper de la nasse.
Médaillée de bronze à deux reprises dans un temps poussiéreux (1980 et 1981), depuis lors l’Étoile Noire de Strasbourg ne parvient pas à briser le plafond de verre des demi-finales. Quart de finaliste à cinq reprises (1998, 2002, 2006, 2007 et 2013), demi-finaliste en 2012 et 2014, systématiquement l’équipe alsacienne sera restée bloquée. Là encore, à Grenoble, les Alsaciens ne parviendront pas à se hisser à l’étape suivante, une nouvelle fois victimes du syndrome des demi-finales avec trois défaites subies face à Hockey 74 (6-3), Grenoble (6-4) et Briançon (8-6). Face à l’armada des montagnes, l’Alsace pliait et c’est inévitablement le duo Grenoble – Hockey 74 qui se rendra en finale comme ce fut le cas lors des deux précédentes éditions. Trois victoires pour l’Isère, deux pour la Haute-Savoie, avec un revers subi contre Grenoble (5-3), et un seul petit succès pour les Hautes-Alpes, les Diables Rouges nostalgiques de leur dernière finale vécue en 2012. À l’Ouest, c’est une demi-finale à deux vitesses qui se déroulera au Coliséum d’Amiens. Nettement au-dessus, Amiens et Rouen se livreront bataille pour la première place dès la première journée, les Gothiques raflant la mise 9-8 aux tirs au but avant de maîtriser sereinement le reste de leur demi-finale face à Angers et Anglet. Sans sourciller, Rouen reprenait de la couleur avec deux victoires (7-1 et 5-2) ; sans trembler, Amiens confirmait son succès sur les Dragons avec six points pris face aux Ducs et à l’Hormadi.
Depuis 2012, Amiens, Rouen, Grenoble et Hockey Club 74 se donnent rendez-vous en finale. Le titre pour Amiens en 2012, celui de 2013 pour Rouen, 2014 année heureuse pour le HC 74, 2015 aurait pu consacrer les Brûleurs de Loups de Grenoble pour équilibrer les bilans, mais il n’en sera finalement rien. Pourtant, pour les Isérois, un premier écueil était franchi avec un succès décroché 6-3 face au champion de France en titre. Alors que, dans le même temps, Rouen se positionnait avec un succès 6-3 face à Amiens, les cartes étaient rebattues le lendemain au gré d’une très lourde déconvenue grenobloise face aux Dragons (1-9). Avec six points au moment d’aborder la dernière journée, Rouen faisait office de favori mais se faisait piéger par la Haute-Savoie, scintillante au moment de célébrer la victoire 3-2. Alors qu’il fallait désormais aborder le dénouement de cette finale, l’éternel rival de Rouen, Amiens, jouera un tour pendable à son frère ennemi. Alors que les Rouennais espéraient une victoire de Grenoble pour créer une égalité à trois qui leur était profitable au regard de leur large succès acquis 9-1 face à Grenoble, c’est un tout autre scénario qui se déroulera sur la glace amiénoise : sans victoire jusqu’alors, Amiens terrassait Grenoble 5-2, offrant ainsi sur un plateau en or son deuxième titre de champion de France de suite, Rouen, dindon de la farce, devant se contenter de la deuxième place, maugréant longtemps sa défaite décisive face aux Hauts-Savoyards.