Avec seulement six matchs à jouer en poule play-offs et les trois points d’avance de la première phase restant acquis, Rouen abordait cette deuxième étape avec sérénité, d’autant plus qu’aucun de leurs adversaires ne sera en mesure de faire tomber le Dragon. En l’absence de Courbevoie, seuls les Drakkars, déjà vainqueurs de Rouen, pouvaient réitérer la performance, mais les joueurs des bords de Seine ne l’entendront pas de cette oreille, 5-2 à Caen, 10-1 à Rouen, l’étendard jaune et noir flottait haut avec six victoires et une qualification directe en demi-finale. Tout l’intérêt de cette poule play-offs résidait autour des deux dernières places distribuées pour les quarts de finale. Avec quatre points de retard, nés de la première phase, sur Amiens et sept sur Caen, il était difficile d’envisager une fin heureuse pour les Parisiens d’Évry / Viry. Pourtant, les Parisiens s’y emploieront en réduisant l’écart sur la première vague de rencontres qui voyait Évry / Viry s’imposer successivement à domicile face à Caen (4-3) et Amiens (8-4), alors que ses deux rivaux s’étaient neutralisés sur un score de parité à 6-6. À mi-parcours de cette poule express, Évry / Viry n’accusait plus qu’un retard d’un point sur la troisième place qualificative tenue par Amiens. Hélas pour les Franciliens, si les matchs joués à domicile s’étaient avérés souriants, les matchs à l’extérieur seront crispants avec deux insuccès 6-3 à Caen et 11-3 à Amiens. Tout comme lors du tour précédent, au décompte final, Rouen devançait Caen et Amiens, Évry / Viry devait se résoudre à mettre les protège-lames sur les patins.
Lorsqu’il s’agit d’évoquer la suprématie au sein de la poule Est, il n’est pas rare de citer Strasbourg ou Dijon. Les deux larrons se partageant les victoires à parité lors des douze dernières saisons, six de chaque côté, il faut remonter à la poussiéreuse saison 2004-2005 pour trouver un vainqueur différent, en l’occurrence, Colmar. Pour cette saison 2017-2018, treize ans après leur dernier succès, les Titans colmariens, habitués les saisons précédentes à s’acoquiner en alliance avec Mulhouse, feront cette fois cavalier seul et parviendront à briser le cercle vertueux orchestré par Dijon et Strasbourg. Pire, au sein de cette poule, révolution de « palet », aucun des deux cadors ne parviendra à se hisser en play-offs, Reims se joignant à Colmar pour jouer les trublions de cette saison. Comme un symbole d’un changement de direction du vent glacé de l’Est, au moment de dire adieu à l’année 2017, les Ducs de Dijon, sur la troisième marche du podium, comptaient la bagatelle de six points de retard sur Colmar et dix sur le leader rémois, alors que Strasbourg se morfondait à la dernière place de la poule avec deux petites victoires en dix rencontres. Le fossé ainsi créé par les félons, il ne restait plus qu’à couronner le nouveau monarque de la poule Est. Comblant peu à peu son retard au gré des matchs en retard joués, Colmar finissait par embraser le classement en dépit d’un discourtois revers subi face à son rival rémois en fin d’exercice, largement insuffisant néanmoins pour les Champenois qui restaient sur quatre revers de suite face aux Titans et un mois de février morose avec un seul point pris en deux confrontations face à Strasbourg. Séparés d’un seul petit point à l’avantage de Colmar, au moment de franchir la ligne d’arrivée, Titans & Phénix pouvaient néanmoins se satisfaire de leur qualification en play-offs avec une probante avance de onze points sur le troisième, Strasbourg, auteur d’une belle remontée après un début de saison proche de l’apocalypse.
En play-offs, l’aventure des Titans de Colmar se poursuivra dans l’allégresse. Après des passages en 2005 et 2016 en entente avec Mulhouse, Colmar fera de sa troisième participation en quart de finale une totale réussite, déjà en s’imposant face à Reims 5-4 en prolongation mais surtout en venant à bout de l’épouvantail grenoblois également en prolongation (4-3). Les quatre points engrangés étaient suffisants pour décrocher la 3ᵉ place qualificative en demi-finale, l’ultime rencontre face à Gap, perdue 4-1, n’interrompant pas cette épopée titanesque de Colmar. À domicile, Gap, avec deux victoires, et Grenoble, au même total de succès, accompagnaient les Alsaciens parmi les huit meilleures équipes françaises de la catégorie. Dans l’autre quart de finale, en l’absence de Rouen qualifié directement au tour suivant, Amiens bégaiera certes à la deuxième journée avec une difficile victoire 6-5 en prolongation face à Anglet, mais ses victoires probantes face à Caen 5-3 et Nantes 4-2 permettaient aux Gothiques de dominer ce tour disputé à Anglet. Un rendez-vous à la maison que les Basques ne manqueront pas. Issus des huitièmes de finale aux dépens d’Angers (6-3), Nantes dominant Bordeaux 7-4, Anglet restera un solide deuxième, notamment grâce à son point escamoté à Amiens mais également avec ses succès sur Nantes (7-3) et Caen (8-2), les Bas-Normands, avec aucun point, ne pouvant prétendre à franchir l’étape des quarts de finale, les derniers espoirs s’envolant au gré d’une défaite face aux Corsaires nantais 4-5.
D’exploit, il ne sera pas question cette fois en demi-finale pour les Titans de Colmar. À la patinoire Pôle Sud de Grenoble, l’ordre était rétabli, les affaires rangées, la hiérarchie respectée, ou presque, le double champion de France en titre grenoblois se trouvant particulièrement bousculé par son voisin du HC 74 (9-1). Pour le reste des parties, que ce soit le Hockey Club 74 ou Grenoble, aucun faux pas ne sera recensé, la qualification décrochée pour les deux habitués des finales, il ne restera qu’aux Rapaces de Gap l’opportunité de prendre l’honorifique mais inutile troisième place grâce à son succès sur Colmar 4-3. Sur les bords de Seine, la mauvaise surprise surgira dans le camp amiénois. Même si Rouen trébuchait à la deuxième journée face à Anglet (2-3), c’est bel et bien Amiens qui se trouvait piégé. Presque désormais une sinistre habitude, pour la troisième saison de suite, les Gothiques s’arrêtaient là, battus par Rouen d’entrée de jeu 6-2 puis par Nantes 2-3, l’unique victoire, pour le prestige à la dernière journée 4-1 face à Anglet, ne suffisait clairement pas pour empêcher Rouen et Anglet de rallier la finale mégévane.
Sevrés de titre depuis quatre saisons, les Dragons de Rouen aborderont le carré final à Megève le couteau entre les dents, à l’image d’un premier succès 7-2 remporté face aux Basques d’Anglet, de son côté le Hockey Club 74 tirant son épingle du jeu en s’imposant 3-2 face au double champion de France en titre Grenoble. Tandis que la deuxième journée consacrait les deux mêmes équipes, Rouen atomisant Grenoble 10-2, le HC 74 remportant la timbale 3-0 face à Anglet, un duel entre les deux prétendants à la couronne s’annonçait pour la dernière journée. En ouverture de l’ultime manche, Grenoble prenait la médaille de bronze en disposant d’Anglet 4-3, et pour la grande « finale » de ce carré, les Rouennais connaîtront sans doute l’une de leurs plus épiques victoires. C’est une finale en trois temps qui se déroulera sur la glace du Palais des Sports de Megève. Une première période totalement à l’avantage des locaux ponctuée de trois buts, une deuxième diamétralement opposée avec trois buts pour les visiteurs et un dernier tiers qui emmènera tout le monde jusqu’au bout du suspense d’une séance de tirs au but remportée par les Dragons de Rouen, revenus d’entre les morts après avoir été menés 3-0.
